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Semaine 8 – Fouille

Le cimetière de Notre-Dame des miracles refait surface 

Dans la partie ouest de la première zone de fouille, la quasi-totalité des structures liées à l’occupation abbatiale a été identifiée, enregistrée, fouillée, relevée et photographiée.

Sous celles-ci, les sables naturels en place depuis plusieurs milliers d’années commencent à apparaître. Des nuances sombres (1) révèlent de nouvelles structures sous-jacentes : ce sont la plupart du temps des inhumations, médiocrement conservées. Rachis et côtes des squelettes ont disparu, les extrémités osseuses sont mal conservées.

1 : La coloration brunâtre des sables suggère la présence d’une structure anthropique, probablement une sépulture dont la partie ouest se prolongerait sous une maçonnerie (Crédit : Margot Merel, Sadil)

Un individu a été déposé sur le dos, les membres supérieurs le long du corps, dans une fosse rectangulaire. Des traces ligneuses sombres et quelques blocs calcaires attestent d’un aménagement en bois (coffrage) recouvrant le défunt. Le dispositif n’a pas été utilisé pour le transport du corps et a plus probablement été conçu pour le protéger de la terre déversée dans le comblement de la fosse (2).

2 : L’anomalie est une inhumation en coffrage, révélée par la fouille. L’acidité du sable a détruit une partie des ossements. (Crédit : Margot Merel/Sadil)

Le crâne de l’individu se trouve sous un plot de maçonnerie lié au portail ouest de l’abbaye : cela indique qu’il est antérieur à sa construction. Le portail n’est pas encore daté précisément, mais il a probablement été édifié dès les débuts de l’abbaye (XIe s.). Par conséquent, l’inhumation pourrait être rattachée à l’occupation précédant l’établissement monastique, mentionnée dans les sources textuelles à partir de 845 ap. J.-C. autour de la chapelle Notre-Dame-des-Miracles.

En 2019, plus de 130 inhumations de cette phase prémonastique avaient été identifiées et fouillées (3). Les analyses radiocarbone effectuées à partir d’échantillons prélevés sur cette série de tombes ont confirmé leur rattachement aux IXe et Xe s. L’état de conservation et le mode d’inhumation des sépultures sont proches de ceux observés ces dernières semaines sur les sépultures étudiées (4). L’espace funéraire du premier Moyen Age est donc probablement beaucoup plus vaste que ce que nous supposions. Estimées à 1600 tombes en septembre 2023 pour une aire de 5000 m², ces nouvelles découvertes définissent désormais un périmètre d’environ 10 000 m² qui pourraient alors livrer le double d’inhumations si leur densité est partout identique.

3 : Plan brut de la zone de fouille 2019-2020 sur la partie orientale du cimetière des IXe et Xe s. Les sépultures sont en bleu et s’organisent en rangées orientées nord-sud (Crédit : Denis Godignon/Inrap)
4 : Inhumation fouillée en 2019-2020. Les ossements sont rongés par l’acidité des sols (Crédit : A. Boisseau/Inrap)


OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
Philippe Blanchard (9 janvier 2023). Semaine 8 – Fouille. Chroniques de Beaumont. Consulté le 15 février 2025 à l’adresse https://doi.org/10.58079/lwp5


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