Semaine 30 – Une stèle de fondation

Les fouilles menées depuis plusieurs mois désormais permettent de comprendre l’évolution d’une partie de l’abbaye entre sa création au tout début du XIe siècle et 1790, date à laquelle les religieuses sont chassées.

Les investigations menées dans le cloître ont révélé plusieurs galeries accolées les unes aux autres, notamment au sud et à l’ouest du carré claustral. Il est improbable que ces espaces de circulation aient été doublés, c’est pourquoi l’hypothèse retenue est celle d’une reconstruction : deux nouvelles ailes semblent avoir été érigées avec les nouvelles galeries. Celle du sud abritait le nouveau réfectoire et le sous-sol de l’aile ouest était dédié au stockage et à la conservation des vivres (caves et cellier).

L’observation des parois de ces caves et cellier, où les maçonneries apparaissent étonnamment « fraîches », laissait envisager un réaménagement assez tardif, probablement durant le XVIIIe s. Un sondage dans une des maçonneries de la nouvelle galerie sud du cloître, a permis de clarifier cette datation, avec la découverte inattendue d’une pierre de fondation épigraphiée (1).

Le texte inscrit sur la dalle est le suivant :

« CES CLOISTRES ONT ESTE FAITS DE LA LIBERALITE ET PAR ORDRE DE SON ALTESSE SERENISSIME MADEMOISELLE DE BOURBON DE VERMANDOIS EN L’ANNEE 1725 [ou 1723 ?] ».

Une date de travaux dans le cloître est précisée. Le texte stipule qu’ils ont été réalisés aux frais  (« par ordre et libéralité ») de Mademoiselle de Bourbon de Vermandois, connue sous le nom de Louise Henriette Gabrielle Marie Françoise de Bourbon Condé, dite Mlle de Vermandois. Il s’agit de la petite fille de Louis XIV et de la Marquise de Montespan.

La pierre livre le blason de cette femme (2), en losange (fille noble) composé de trois fleurs de lys (couronne de France), avec au centre une cotice alésée (dite bâton) portée en barre, signifiant qu’il s’agit de la branche naturelle et non légitime. Initialement, le blason sculpté était surmonté d’une couronne, mais celle-ci a été découverte fragmentée. Les éléments recueillis devraient permettre de la restaurer.

Mlle de Vermandois entra dans l’abbaye comme simple religieuse en 1727. Elle fut désignée abbesse en 1733 et se fit par la suite appelée Madame de Vermandois (mariée avec Dieu). Elle décèda dans le monastère en 1772 et fut inhumée dans l’église.

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