Quelle est ta fonction sur le chantier ?
Je suis le responsable de l’opération, je coordonne l’ensemble des équipes d’archéologues afin que l’activité réponde, à terme, aux objectifs fixés.
D’où viens-tu ?
Ma famille est originaire du Maine-et-Loire et de la Loire-Atlantique, mais j’ai vécu à Versailles, puis vers Chartres. Je réside à Tours depuis 33 ans.
Quel est ton parcours scolaire ?
J’ai obtenu un baccalauréat économique en 1989. J’ai ensuite suivi un double cursus en Histoire et en Archéologie. J’ai obtenu une Maîtrise de Sciences et Techniques (Université de Tours) en 1994 avec pour sujet d’étude principal la fouille de la léproserie Saint-Lazare de Tours. En parallèle de mon activité professionnelle, j’ai suivi et obtenu un Master Recherche en 2005/2006 à l’université de Tours. Mon sujet était : « La gestion des cadavres en temps de crises, exemples archéologiques en Europe de l’Ouest ». En 2016, je me suis inscrit en thèse à l’EHESS (Paris) sous la direction de Sylvie-Anne Goldberg. J’ai dû interrompre ce projet en 2021 en raison de ma surcharge de travail, mais j’espère bien trouver le temps dans les années à venir pour mener à terme ce projet (probablement sous la forme d’une thèse sur travaux). Mon sujet de recherche est : « L’Archéologie des cimetières juifs médiévaux en Europe ».
As-tu une période chronologique ou une spécialité préférée ?
J’ai eu une formation couvrant plutôt les périodes historiques, mais j’ai toujours préféré le Moyen Âge et la période Moderne. Je suis plutôt spécialisé en archéologie funéraire pour une chronologie s’étendant du Moyen-Age à nos jours.
Mes thématiques de recherches sont :
1/L’archéologie des cimetières juifs médiévaux,
2/Les maladies et crises de mortalité des périodes historiques (épidémies, violences interhumaines),
3/L’archéologie des établissements monastiques,
4/La chronotypologie des inhumations,
5/Archéologues et sites archéologiques dans la bande dessinée franco-belge.
Peux-tu nous résumer ton parcours professionnel ?
J’ai été attiré très jeune par l’archéologie. Toutefois, dans les années 1980, il était parfois difficile de trouver des chantiers de fouille près de chez moi. J’ai donc commencé durant mon adolescence à faire des chantiers de restauration de monuments comme le château des Ducs de Guise (Aisne) et surtout l’abbaye royale du Moncel et le château de Philippe Le Bel à Pont-Sainte-Maxence (Oise). À partir de 1988, majeur, j’ai participé bénévolement durant mes vacances scolaires à des fouilles près de chez mes parents (Dolmen Néolithique de Changé, Fouilles urbaines de la place Métaizeau à Dreux ou celles de la place de la cathédrale de Chartres). J’ai aussi participé à plusieurs campagnes de fouilles à l’abbaye de Daoulas (Finistère).
À partir de 1991, durant mes études, j’ai obtenu régulièrement (principalement durant l’été) des contrats d’ouvrier de fouille puis de technicien à Pithivier-le-Vieil (Loiret), sur l’autoroute A 29 Le Havre-Yvetot (Seine-Maritime) ou à Tours.
En sortant de l’université en 1994, j’ai intégré des équipes de fouille en région Centre, essentiellement en tant que responsable de secteur sur d’importantes fouilles urbaines à Chartres ou Orléans ou encore sur le tracé de l’autoroute A85 (Langeais, Saint-Patrice, Saint-Romain-sur-Cher) (entre 1994 et 2001). J’ai obtenu mes premières responsabilités de fouille en 1995 sur des sites funéraires en Indre-et-Loire ou dans l’Indre (Fouille de sauvetage sur le cimetière juif de Châteauroux). À partir de 2002, j’ai exercé exclusivement les fonctions de responsable d’opérations sur des sites funéraires, le plus souvent en contexte urbain. C’est à partir de ce moment là que j’ai eu mes plus belles expériences archéologiques avec des équipes de collègues extraordinaires. J’ai notamment pu fouiller :
– un petit cimetière mérovingien à Richelieu (Indre-et-Loire),
– un cimetière médiéval et moderne avec des fosses en relation avec une probable épidémie de variole à Issoudun (Indre),
– un site d’habitat urbain antique et un cimetière médiéval avec des sépultures d’épidémies à Bourges (Cher),
– un site hospitalier et monastique à Orléans (Loiret),
– des sépultures d’épidémies médiévales sur le tracé du tramway de Tours,
– une partie du site monastique (jardins, cuisines) de l’abbaye de la Trinité à Vendôme (Loir-et-Cher).
J’ai également mis en place et dirigé deux fouilles programmées à Epernon (Caveau des ducs d’Epernon) et à Châteauroux (Cimetière juif médiéval de l’avenue des Marins).
Enfin, j’ai eu la chance de pouvoir fouiller à l’étranger soit en tant que responsable de secteur sur la muraille médiévale du Caire (2001 et 2003) et sur la cité disparue de Songo Mnara (Tanzanie, 2004) ou comme technicien sur le cimetière de croisés d’Atlit (Israël, en 2015 et 2016). J’ai également co-dirigé avec Dominique Castex des fouilles dans les catacombes Saint-Pierre-et-Marcellin à Rome (Italie) entre 2005 et 2010.
Le soutien de l’Inrap dans mes nombreux projets m’a permis de rédiger, en collaboration avec de nombreux collègues, plus d’une cinquantaine de rapports de fouille et plus d’une centaine de publications. Je suis aussi l’auteur d’une dizaine de documents grand public (plaquettes, panneaux d’exposition, Atlas numériques …) et de plus d’une centaine de communications ou de conférences scientifiques ou grand public en France ou à l’étranger.
La liste de mes travaux est consultable ici
Quelle est ta plus belle découverte ?
Ma plus belle découverte n’a rien de prestigieux. Il s’agissait d’un œuf conservé et protégé par une céramique dans une tombe romaine sur le site de Tavant (Indre-et-Loire). Nous savons que les Gallo-Romains disposaient des offrandes dans les tombes des défunts, mais c’est souvent difficile à percevoir, car en l’absence d’os, ces aliments pourrissent, disparaissent et ne laissent aucune trace. Ce petit œuf était assez émouvant, car il témoignait de ce geste si rare à observer et démontrait ainsi toute l’attention que les vivants apportaient à leurs chers disparus.
Quelles sont tes passions et activités ?
Depuis mon enfance, j’ai toujours beaucoup aimé la bande dessinée, surtout franco-belge (en particulier André Franquin) et cette passion ne s’est jamais tarie. Seule la place dans ma bibliothèque m’oblige parfois à modérer mes envies.
J’aime aussi beaucoup les jeux de plateaux qui me permettent de partager des moments d’échange et de convivialité avec des amis et collègues. J’organise tous les ans à Tours, un tournoi du jeu 7 wonders (« Le Tournoi des Dieux ») qui rassemble de 50 à 80 personnes issues de toute la France. J’ai même été champion de France de ce jeu à Parthenay en 2016.
J’aime également beaucoup voyager et manger (il est très intéressant d’associer les deux !).
J’ai aussi une activité de portier pour chat à mon domicile personnel …
